- Pourquoi tu viens voir Coffie, sa mère est malade ou quoi ?
- Non, rien de spécial, j'aime beaucoup mon cousin et je m'assure qu'il aille bien.
- Arrête de faire genre t'es parfait pour te valoriser pour que j'aie une bonne image de toi.
- Arrête d'imaginer des scénarios là où il n'y en a pas.
- Pffff.
Il avait raison, Sosthène avait tendance à être paranoïaque. Quand on vit dans un studio avec une vieille serrure qui ne ferme pas, quand certains clients du café vous suivent après votre service, quand vous avez une jolie chevelure blonde et des yeux azur d'enfant, vous êtes sur vos gardes.
Pendant ce temps-là, Coffie dansait.
- Ecoute, Jimmy, je suis une fille tarée qui cherche juste à survivre, okay ?
- Mais quel est ton but dans la vie ?
- Et ta s½ur ? Personne ne sait à quoi son existence peut servir. On le croit, mais on le laisse tomber.
- Aucun métier ne t'intéresse ?
- J'ai été virée de mon bahut, je faisais des conneries.
- Aucun métier ne t'intéresse ?
- Bon, tu m'énerves, là ! Je dirais même que tu me fais chier ! pestiféra-t-elle.
- J'essaie juste de t'aider, de te connaître.
- C'est plutôt un interrogatoire.
Jimmy se tut. Ce n'était vraiment pas simple. Sosthène était toujours sur le qui-vive, toujours agressive. Son air perdu toucha la belle, et elle se radoucit et se contenta de soupirer.
- Ecoute, si tu veux aider des gens, engage-toi dans une asso, donne les sous aux SDF, mais me guérir psychologiquement c'est pas possible et c'est pas utile pour la société. Je sers juste du café et des bières, en soi c'est pas si boulot si terrible. Toi, tu vis chez tes parents, tu voyages, tu invites des filles à diner, voilà quoi. C'est aussi pour ça que je suis en colère. C'est pas ta faute, mais j'aurai jamais de belles choses dans la vie.
- Ne dis pas ça, on a toute la vie devant nous encore !
- Les bases sont déjà moisies, Jimmy.
Il tressaillit, c'était la première fois qu'elle l'appelait par son prénom.
- Tu n'as pas d'amis, Sosthène ?
- J'ai un ami, mais il est très loin, je l'attends, fit-elle en baissant les yeux et en serrant les mains sur son verre.
- Personne d'autre ?
- NON. Et je ne veux PERSONNE D'AUTRE, D'ACCORD ?
- Il ne me viendrait jamais à l'esprit d'abuser d'une fille aussi fragile psychologiquement, tu sais. Physiquement aussi, je dirais.
- Je suis très fatiguée.
- C'est si fatigant que ça, ton job, ou il y a autre chose ?
- Je suis fatiguée de ne pas savoir quand le cauchemar de mon attente va se finir, je suis fatiguée de sortir de chez moi pour oublier que la seule famille qui m'y attend soit composée de cafards.
Sa voix se faisait toute petite. Jimmy la regarda intensément, puis leurs hamburgers furent servis. Cela détendit l'ambiance.
Les-yeux--du-loup, Posté le lundi 30 mai 2016 16:42
en soi c'est pas si boulot si terrible. --> un boulot
C'est qu'elle commence à se confier la Sosthène ! Niéhéhéhéhé.